2020. Année d’instabilité ? Depuis le mois de Janvier un seul mot se lit sur toutes les lèvres au niveau international : Covid.19. Ce fléau qui s’abat sur le monde, laisse inquiets, sans réponse et préoccupés Batsukh et Tserenkhangai. Ils vivent actuellement sur leur camp d’hiver/de printemps nommé Adjn Khudag dans le département de Bogd à Bayankhongor. Dans cette étendue de sable et de cailloux ; ils y perpétuent la tradition de ce pays : l’élevage extensif. Ils aiment cette « immensité » environnante, « leur lieu de vie où tout le troupeau est perceptible, où il est possible de surveiller de loin ». Ils ne voudraient changer sous aucun prétexte cette existence qui rime « avec liberté ». Un travail qu’ils chérissent « sans s’en sentir esclave ». Partir d’ici équivaudrait au sentiment qu’ils nomment « la déprime de leur âme ».
En ce moment l’incertitude règne. La première question en arrivant est usuelle : « Quoi de neuf au centre de la province ? » La seconde, contextualisée, est d’un autre ordre : « Quel est le prix du cachemire ? » Peu d’information sur le sujet. La chute significative du prix de la laine des rois rend les éleveurs dubitatifs. La loi du marché international répond à la théorie de l’offre et de la demande. Mais en cette terre, la vente du cachemire représente plus de 80% du salaire annuel d’un éleveur. Comment scolariser les enfants, nourrir le bétail, éviter le surendettement… sans cet apport financier ?
Toutefois, c’est avec vaillance et honneur, une lueur dans les yeux, qu’ils poursuivent leur routine saisonnière. Au travers d’une connaissance intime et minutieuse de leurs 5 museaux. Nourrir les chevreaux, conduire et surveiller l’ensemble du troupeau, peigner les chèvres… Dans leur khashaa, peuplé de leurs enfants aînés et de leurs familles respectives, la vie s’écoule. Tandis que le silence de Tserenkhangai est de marbre, Batsukh lâche une dernière phrase emplie de nostalgie « à l’époque des kolkhozes -coopératives- tous les produits animaliers se vendaient : le lait de chamelle fermenté, la viande, la laine… aujourd’hui il n’en est rien ».
Face aux difficultés rencontrées, leur joie de vivre et leur résilience forcent le respect.